La porte étroite du salut

La porte étroite du salut

La plupart des paraboles du salut que nous appelons sont des paraboles évidentes. La parabole de la porte étroite, rapportée dans Luc 13.22-30, devrait probablement être qualifiée de parabole limite, si tant est qu’elle en soit une. Je veux dire que ce n’est pas vraiment une histoire. C’est plutôt une réponse de Jésus à une question qui lui a été posée. Il a répondu par une illustration qui est devenue une histoire, même si elle n’en était pas une au départ. On a demandé à Jésus si seulement quelques personnes seraient sauvées, et il a répondu en disant à son interlocuteur : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront pas » (v. 24). Il a ensuite raconté comment le propriétaire de la maison allait se lever et fermer la porte, et a créé un dialogue pour accompagner le décor.

La raison pour laquelle nous considérons cette illustration amplifiée comme une parabole est qu’elle constitue une image importante de l’enseignement de notre Seigneur sur le salut et qu’elle apparaît donc à de nombreux endroits, même dans le cadre d’autres paraboles. Le Sermon sur la montagne contient une illustration similaire. Alors que le Seigneur arrivait à la fin de ce discours, il exhortait ses auditeurs : « Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, et facile est le chemin qui mènent à la perdition, et ceux qui entrent par elle sont nombreux. Car étroite est la porte, et resserré le chemin qui mènent à la vie, et ceux qui les trouvent sont peu nombreux » (Matthieu 7.13-14). Dans ce passage, la porte étroite est contrastée avec une porte large, et un chemin large et un chemin resserré sont ajoutés à l’image de base.

La même idée se retrouve vers la fin de Matthieu dans la parabole des cinq vierges sages et des cinq vierges folles. L’époux arrive et la porte est fermée. Les cris des vierges folles ne suffisent pas à convaincre l’époux d’ouvrir à nouveau la porte (Mt 25,1-13). Cette image se retrouve également chez Jean dans le portrait des brebis et de leur berger : « Je suis la porte des brebis » et « Je suis la porte » (Jean 10,7-9).

Parmi les différents contextes dans lesquels l’illustration de la porte étroite apparaît, aucun n’est aussi intéressant que celui de Luc 13. La raison en est la question qui ouvre la section : « Seigneur, est-ce que seulement quelques personnes seront sauvées ? » Je ne sais pas quel genre de réponse vous auriez pu attendre du Seigneur à cette question si vous aviez été là, mais j’imagine que vous vous attendiez à un simple oui ou non. « Est-ce que seulement quelques personnes seront sauvées ? Eh bien, qu’est-ce que c’est, Seigneur ? Est-ce que ce sera peu ou beaucoup ? Dis-le-nous. Nous voulons le savoir. »

Mais Jésus ne répondit pas ainsi à la question. La raison en est qu’il s’agissait d’une simple spéculation théologique. Pour Jésus, la réponse n’avait aucune importance. La seule chose qui comptait était de savoir si l’interrogateur lui-même serait parmi le nombre des sauvés, qu’ils soient petits ou grands. Le Seigneur répondit donc à la question en n’y répondant pas. Il dit plutôt : « Ton devoir (et la part de la sagesse) est de franchir cette porte. Tu pourras t’inquiéter de la taille de l’hôtel céleste plus tard. Pour l’instant, ton souci exclusif et impérieux devrait être de franchir cette porte afin d’être du bon côté quand elle se fermera et que le jugement viendra. »

C'est ce que Jésus nous dit aussi. C'est le message de cette parabole. Je la décompose en trois parties : 1. Il n'y a qu'une seule porte, et elle est étroite ; 2. Cette porte est maintenant ouverte, même si elle se fermera un jour ; et 3. Notre devoir est d'y entrer.