La deuxième demande du Notre Père qui traite de notre dilemme humain est : « Pardonne-nous nos offenses. » Les trois premières demandes concernent le rôle de Dieu en tant que Père. Les quatre dernières se concentrent sur nos besoins humains en tant qu’enfants de Dieu. Parmi ces sept demandes, la question du pardon revêt une importance si énorme qu’elle est la seule que notre Seigneur a pris le temps de réaffirmer et de développer en profondeur.
Les pensées et les concepts qui habitaient l’esprit du Maître lorsqu’il a dit : « Pardonne-nous nos offenses » étaient bien plus vastes que ne le laisse entendre cette simple requête. On peut en trouver la preuve dans les diverses façons dont cette phrase a été rendue dans différentes traductions. En voici quelques exemples :
« Pardonne-nous nos offenses » (Knox).
« Pardonne-nous nos manquements » (veux-tu).
« Pardonne-nous ce que nous te devons » (Phillips).
« Pardonne-nous nos péchés » (tlb).
Pardonne-nous le mal que nous avons fait (bec).
Plusieurs points saillants ressortent nettement de cette demande et retiennent notre attention. Lorsque nous les reconnaissons, cette prière devient une supplication des plus poignantes, le cri profond du cœur d'une âme vraiment contrite.
Des milliers de personnes chères qui récitent le Notre Père ne se considèrent pas réellement comme des débiteurs, des transgresseurs, des pécheurs ou des délinquants.
Si nous prions sincèrement « Pardonne-nous nos offenses » ou « Pardonne-nous nos dettes », nous reconnaissons ouvertement et sincèrement que nous sommes coupables d’une mauvaise action. Or, beaucoup d’entre nous qui répétons ces cinq simples mots ne comprennent pas vraiment cela. Des milliers de personnes qui récitent le Notre Père ne se considèrent pas vraiment comme des débiteurs, des transgresseurs, des pécheurs ou des délinquants. Ils ne se considèrent pas réellement coupables devant Dieu.
Et, bien sûr, il s’ensuit, n’est-ce pas, que ce n’est que lorsque l’on se sent coupable d’un méfait que l’on ressent le besoin d’être pardonné ? L’ironie de la situation est que d’innombrables personnes se sentent tout à fait innocentes. Par conséquent, cette demande, au lieu d’être un désir sincère venant d’un cœur repentant, n’est souvent rien de plus qu’une répétition creuse de mots par une âme satisfaite d’elle-même.
Tout cela nous amène au deuxième concept très profond. Est-ce que je viens vraiment à mon Père céleste avec le sentiment d’avoir une dette envers Lui ? Est-ce que je sens d’une manière instinctive profonde que j’ai transgressé Son amour et Sa générosité ? Suis-je profondément conscient de mes mauvaises actions, de mes mauvaises attitudes, de mes mauvaises motivations ? Si ce n’est pas le cas, alors, de toute évidence, cette prière est non seulement inutile, mais absurde. En disant cela, je ne préconise ni ne suggère qu’en tant qu’enfants de Dieu, nous devons nous livrer à une introspection morbide. Il n’est ni sain ni bénéfique pour nous de nous préoccuper de nos fautes et de nos manquements particuliers. Au contraire, l’accent accablant mis sur le peuple de Dieu tout au long des Écritures est que nous sommes nés de nouveau, recréés en tant que nouvelles créatures en Jésus-Christ. Nous sommes exhortés à oublier les choses qui sont derrière nous et à nous efforcer d’accomplir de nouvelles et abondantes réalisations grâce à la puissance et à la présence de l’Esprit de grâce de Dieu qui habite en nous (Philippiens 2:13).
Mais tout cela n’annule pas le fait que nous devons nous approcher de notre Père avec une sensibilité aiguë au péché et à l’égoïsme dans nos vies. Le simple fait de reconnaître et d’admettre que nous sommes des débiteurs et des transgresseurs produit dans le cœur humain une humilité authentique qui ouvre tout notre être à la présence et à la Personne de Dieu Lui-même.
« L’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit contrit » (Psaume 34:18).
La croix occupe une place centrale dans le projet magnanime de notre Père pour le pardon de tous les hommes de tous les temps.
Il est peut-être bon de nous rappeler ensuite que nos requêtes ne seront probablement pas exaucées si nous agissons avec arrogance et fierté. Si nous nous imaginons hautaine-ment que nous ne sommes ni débiteurs ni transgresseurs, alors la probabilité de connaître le pardon est très faible. « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » (Jacques 4:6).
Sans aucun doute, la pensée qui prévalait le plus dans l’esprit du Christ lorsqu’il enseignait cette prière était celle d’un cœur humain venant humblement chercher la restauration auprès d’un Père qui pardonne. Après tout, il nous a lui-même clairement fait comprendre que l’attitude de Dieu envers quiconque cherche le pardon est une attitude de réconciliation immédiate. Dieu notre Père ne tient jamais à distance quiconque montre la moindre inclination à se tourner vers Lui dans un besoin sincère et ouvert de pardon.
On peut très bien se demander : « Et si je n’ai pas le sentiment d’avoir fait du mal ? Et si je n’ai pas besoin d’être pardonné ? Et si je ne me sens pas redevable ? » La seule réponse possible est qu’une telle âme n’a jamais eu de rencontre personnelle avec le Christ vivant. Elle n’a jamais ressenti l’amour et l’attention immenses de Dieu pour elle, comme un Père pour son enfant.
C'est lorsque nous nous tenons seuls, en silence et en contemplant avec ferveur le prix que Dieu nous a fait payer pour notre pardon rendu possible par la croix, que nous sommes submergés par notre profonde dette d'amour envers Lui. La croix occupe une place centrale dans le plan magnanime de notre Père pour le pardon de tous les hommes de tous les temps. Quelqu'un, quelque part, doit toujours payer la pénalité de notre mauvaise conduite. Lui-même a entrepris, au Calvaire, de supporter ce prix, d'absorber la pénalité, de payer le prix énorme de notre péché.