Le but du livre de Ruth n’est pas simplement de nous fournir des informations sur la généalogie de David (et donc du « Fils de David » messianique, Jésus ; voir Mt 1). Pour cela, les cinq derniers versets du livre suffiraient à eux seuls – et même eux ne sont pas essentiels, car les mêmes informations sont données dans un contexte généalogique plus complet en 1Ch 2:3-15. Le but de Ruth est plutôt de présenter dans la généalogie de David est une étude de cas positive de ce que l’on peut appeler une « anatomie » de la foi dans le monde actuel. Elle englobe l'étendue de l'action de la foi— c'est-à-dire ces moments cruciaux où la foi est mise à l'épreuve, la période beaucoup plus longue de persévérance dans la foi et les récompenses que Dieu peut accorder à cette vie. De plus, l'exemple de foi dans ce cas étant Ruth la Moabite, le livre aborde également l'étendue de l'application de la foi—c’est-à-dire que cette opération de la vraie foi et la bénédiction qui l’accompagne s’appliquent potentiellement à ceux qui ne sont pas des Israélites ethniques (descendants de Jacob).
En effet, c'est ce dernier point en particulier qui permet d'expliquer pourquoi cet exemple de foi est présenté dans la généalogie de David. Son association avec l'une des figures les plus respectées de l'histoire juive, qui est aussi, avec Abraham, le destinataire des promesses messianiques les plus importantes de Dieu (voir 2Sm 7), garantit que sa généalogie moabite (c'est-à-dire païenne) est pas finalement retenu contre elle (même si le parent plus proche que Boaz le lui reproche ; voir commentaire sur Ru 4:6).
En fait, son statut de gentile est mis en évidence comme un rappel de l'intention divine de Dieu dans le choix d'Israël et l'établissement de la dynastie davidique-messianique en premier lieu : apporter la bénédiction de la foi dans le vrai Dieu à « toutes les familles de la terre » (cf. Gn 12, 3 et ses commentaires). C'est sans doute ce même point que Matthieu entendait au début de son Évangile (Mt 1, 3-5). Il y mentionne explicitement et de manière très peu conventionnelle Ruth comme le troisième Il fait référence à trois femmes païennes dans la généalogie de David, et donc de Jésus. (Les deux précédentes étaient Tamar et Rahab, qui était la mère de Boaz !) Ainsi, il souligne la portée universelle du ministère du Messie et l'ampleur et la profondeur motivantes de l'amour du Père dans sa mission.